dimanche, 16 février 2014

PopEleph à Pointe Suzanne

Dans le vocabulaire TAAFIEN, vous l’aviez compris avec PopChat, on désigne le scientifique par son sujet d’étude précédé de « pop » diminutif de population. Nous avons ainsi sur base : PopChoux, PopPuceron, PopOtarie, PopMoules, PopEscargot, PopLichen, PopCat, PopRennes (ou RenKER)... seuls les ortnithos gardent leur dénomination habituelle, mais c’est parce qu’ils étudient beaucoup d’oiseaux en même temps. Ainsi PopEleph sont ceux qui étudient les éléphants de mer, logique non ? Et en prime une spéciale dédicace à nos amis des Charpennes, célèbre hôpital Gériatrique de Villeurbanne de qui me vient la maintenant célèbre peluche.

Je retourne donc à Pointe Suzanne cette fois pour quatre jours de manip. Avec deux scientifiques, Pauline et Suzanne, nous allons capturer, anesthésier et barder de capteurs des femelles de près de 400 kg. Après un transit, cette fois-ci sans vent et sans pluie, nous prenons l’équipement nécessaire pour les mesures biologiques et les deux scientifiques me forment à la capture du mammifère marin. Dans les souilles où les éléphants de mer se reposent le temps de leur mue, nous recherchons notre individu, la moins pelée sera mieux. Des bâtons pour les impressionner, une capuche, et nous pour contenir cette boule de graisse, au moins deux pour s’avachir de tout notre poids sur la bête une fois fatiguée et prendre ses nageoires latérales, et la troisième de l’équipe se place à l’autre extrémité pour piquer dans le sinus veineux vertébral et injecter une benzodiazépine d’usage vétérinaire. Ensuite sont recueillis : poids, circonférence, longueur, températures de surface et interne, prise de sang... (Vous pouvez m’admirer dans cette dernière étape). Après ces mesures, nous leur collons un GPS pour étudier leur localisation (eau, terre, distance parcourue…) accéléromètre, capteur de lumière, VHF ou balise Argos pour les récupérer à la fin de leur mue. Elles ont aussi pratiqué « l’intubation » d’un des individus, en fait, mis une sonde bucco-gastrique pour introduire dans l’estomac un thermomètre qui sera évacué dans quelques jours. En deux jours et demi, nous avons ainsi équipé une dizaine d’éléphants de mer ; certaines règles sont à respecter pour les manipeurs d’où le port de la perruque pour la première manip...pour baptiser les individus, j’ai choisi Paola et Suzie pour deux d’entre elles, une autre s’appelle Bibette que j’ai préférée à Benjamine...

Le but est d’étudier la dépense énergétique réalisée au cours de la mue annuelle de ces éléphants ; pendant cette étape, mes deux comparses reviendront voir leurs nouvelles amies, pour reprendre localisations, température corporelle etc... A l’issue, une quinzaine de jours, il faudra à nouveau les capturer afin de les repeser (elles perdent environ 3 à 5 kg par jour), récupérer le matériel et analyser les données. Cette étude menée sur trois ans ne donnera pas tout de suite des résultats ; elle permet de mieux comprendre le comportement et la perte énergétique de ces mammifères. J’en profite pour vous donner des nouvelles des otaries ; beaucoup de petits boops ont pu grandir ; les pachas sont partis en mer ; seules restent les mères qui allaitent encore. J’ai croisé aussi un couple d’albatros ; dans la plaine de Pointe Suzanne, ils marquent un petit point blanc, ces oiseaux de plus de 2 mètres d’envergure sont, en vol, une superbe attraction.

Mon prochain départ sera pour Armor, dans la baie du Morbihan, une ancienne pisciculture de saumons, truites et ombles, mais j’étudierai les pucerons introduits et leur adaptation au climat venteux de Kerguelen ! Vous allez voir, c’est passionnant !

bibou64